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nicolas sarkozy - Page 3

  • Les snipers de la semaine... (89)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Jean-Paul Brighelli flingue la caste politique déconnectée des réalités françaises...

    Énarchie et dépendances

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    - sur RussEurope, Jacques Sapir flingue froidement Sarkozy, le revenant qui n'a jamais quitté la scène médiatique

    Sarkozy 2.0 ?

     

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  • La famille Enthoven...

    " Raphaël chantait Carla Bruni, devenue Sarkozy. Raphaël, c'est évidemment Raphaël Enthoven, étoile montante de la philosophie mondaine télévisuelle, figure du Tout-Paris germanopratin et vedette de France Culture. Il s'agit aussi du fils de Jean-Paul Enthoven, meilleur ami de Bernard-Henri Lévy, qui a d'abord épousé sa fille, Justine Lévy, avant de partir du riad de BHL à Marrakech au bras de Carla Bruni, laquelle vivait jusqu'alors avec son père, Jean-Paul. Si vous n'avez pas compris, ça n'est pas grave, c'est l'histoire d'une famille exemplaire de la république des lettres qui tient du vaudeville et du pilpoul. Explications..."

    L'excellente lettre d'information bimensuelle Faits & Documents publie son dernier numéro de l'année avec un portrait consacré à la famille Enthoven et à son rôle dans la médiacratie culturelle...

    Il est possible de s'abonner sur le site de Faits & documents ou de se procurer la lettre au numéro à la librairie Facta.

     

     

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    Faits & Documents est une lettre bimensuelle de 12 pages, rédigée par Emmanuel Ratier, qui traite essentiellement de l’actualité politique et culturelle française et internationale.

    Dans chaque numéro :

    • L’homme de la quinzaine : le portrait « décapant » d’une personnalité agissant dans l’ombre ou à découvert, avec de nombreux détails inédits.

    • La vie politique : une série d’échos inédits et exclusifs sur l’Élysée, le Parlement, le gouvernement, les partis, les hommes politiques. Et aussi les nominations, le parlement européen, les votes significatifs, coup de griffe et coup de chapeau, les damnés de la terre, la gauche caviar, « affaires » et scandales, les financiers qui mènent le monde.

    • Le document : c’est-à-dire la reproduction, avec un commentaire, d’un texte confidentiel, comme une invitation maçonnique adressée à un responsable politique, une circulaire administrative autorisant la polygamie pour les étrangers, etc.

    • Le dossier : une enquête détaillée sur un sujet spécifique, le plus souvent français. Par exemple, le Réseau Voltaire, les activistes de Ras l’Front, le congrès du B’naï B’rith, le point sur la loi scélérate Fabius-Gayssot.

    • Dans le secret de lobbies : les organisations religieuses et « communautaires », les groupes mondialistes et pro-imigrés, les sociétés secrètes, la franc-maçonnerie, etc.

    • À l’étranger : des informations méconnues portant sur le nationalisme à travers le monde et sur des sujets internationaux pouvant vous intéresser directement.

    • Kiosque : une rubrique culturelle sélective. Les livres intéressants à paraître ou venant de sortir en général dans de petites maisons d’édition ou étrangères. Un agenda pour les expositions, les colloques et conférences de qualité. Internet.

    • Information et désinformation : la vie interne des journaux, des télévisions, des journalistes. Les manipulations de l’information. Une revue des revues (les articles les plus intéressants parus ici ou là, en général dans la petite presse nationaliste, dans la presse spécialisée ou à l’étranger). Les désinformations de la quinzaine, etc.

    • Politiquement incorrect : cette rubrique humoristique et détendue parle des « perles » de la quinzaine et des sujets habituellement passés sous silence.

     

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  • Un lamentable atlantisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque la crise syrienne et l'alignement de notre pays sur les positions américaines...

     

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    Sarkozy-Hollande : un lamentable atlantisme, fondé sur une solidarité de classe

    Que ce soit à propos de la Syrie ou d’autres pays « posant problème », il est fréquemment fait état de la « communauté internationale ». Combien de divisions cette « communauté » peut-elle aligner, hormis les États-Unis, Israël et l’Angleterre ?

    Les mots ne sont pas les choses, et la « communauté internationale » n’existe tout simplement pas. Comme le pluriel de majesté qu’emploient parfois les écrivains, c’est une pompeuse fiction. En général, ce sont les puissances occidentales qui emploient cette expression pour dissimuler leur ethnocentrisme et donner l’impression qu’elles représentent l’univers. Aujourd’hui, dans le cadre de l’affaire syrienne, elle ne désigne plus que l’alliance de la France et des États-Unis, façon pâté de cheval et d’alouette. C’est la communauté réduite aux laquais. Mais cette pompeuse fiction est également une notion nocive. Pour qu’existe vraiment une communauté internationale, il faudrait qu’existe aussi un gouvernement mondial. Comme la politique ne se conçoit que s’il y a au moins deux entités en présence, cela signifierait que le monde serait totalement dépolitisé. Ce serait un monde unipolaire – un univers et non pas un « plurivers », c’est-à-dire un monde multipolaire, riche de sa diversité.

    La Russie en première ligne et la Chine, un peu, tentent manifestement de faire entendre à nouveau leur voix dans le concert des nations. Pensez-vous qu’à long terme elles puissent persister ?

    Je le souhaite en tout cas. L’une et l’autre ont au moins le mérite de penser le monde à long terme, alors qu’un François Hollande ne doit même pas savoir ce que peut bien être le « Nomos de la Terre ». C’est pourquoi ces deux pays sont appelés à jouer un rôle de pôles de régulation dans la mondialisation. Aujourd’hui, la Chine et surtout la Russie ont compris le sens réel du projet d’agression de la Syrie, dont l’objectif est de généraliser le chaos au Proche-Orient, en attendant de s’attaquer au plus gros morceau : l’Iran. Elles ont compris aussi que la discussion sur la question de savoir qui a fait usage d’armes chimiques en Syrie n’est que poudre aux yeux, le seul fait important étant de savoir si l’on doit ou non respecter le droit international.

    Le droit international interdit la guerre d’agression, définie comme une guerre entreprise contre un pays souverain qui n’a ni attaqué ni menacé les puissances qui l’attaquent. L’idée qu’il y a des pays qu’il faudrait « punir » parce que l’on réprouve tel ou tel de leurs actes de politique intérieure est totalement étrangère au droit international. C’est à cette conception du droit que s’oppose frontalement le « droit d’ingérence », qui transforme la guerre en intervention « humanitaire » ou en « opération de police » internationale, opérant ainsi un retour au stade pré-westphalien de la « guerre juste » médiévale. Comme l’a dit Régis Debray dans sa superbe lettre ouverte à Hubert Védrine (« La France doit quitter l’OTAN », Le Monde diplomatique, mars 2013), le remplacement du militaire par l’humanitaire, c’est le droit des plus forts à s’ingérer dans les affaires des plus faibles. Une spécialité dont sont familiers les Américains, dont le désir constant est de s’instaurer en shérif planétaire en utilisant pour ce faire tous les moyens de terreur qu’ils font reproche aux autres de vouloir employer. Dans un tel contexte, c’est le courage et la fermeté de Vladimir Poutine qui méritent d’être salués.

    Et l’Europe, dans tout ça ? Les médias ne la confondent-ils pas, à dessein ou non, avec l’Occident ?

    « L’Occident » est un mot qui a constamment changé de sens au cours de l’histoire. Aujourd’hui, il désigne l’ensemble des pays développés, et plus spécialement le « partenariat » transatlantique. D’un point de vue géopolitique et géostratégique, c’est un pur non-sens. On l’utilise pour faire croire qu’il existe une convergence d’intérêts entre la puissance continentale européenne et la puissance maritime des États-Unis d’Amérique. C’est le contraire qui est vrai. Depuis l’époque des « Pères fondateurs », rien n’est plus étranger aux valeurs fondatrices de la culture européenne que les valeurs américaines. L’histoire du monde, disait Carl Schmitt, est avant tout l’histoire d’une lutte éternelle entre les puissances de la Mer et les puissances de la Terre. L’Europe est une puissance de la Terre. Elle n’appartient pas à l’« Occident », mais au grand ensemble continental eurasiatique. À une époque où la « guerre froide » a été remplacée par la « paix chaude », défendre l’Europe implique de s’opposer par tous les moyens à l’Occident, c’est-à-dire à l’américanisation et à la marchandisation du monde. Chaque jour qui passe le montre de façon plus évidente : l’avenir de l’Europe est à l’Est.

    Et la France, pour finir ? Grande est l’impression que sa voix est devenue inaudible. Ce ne fut pourtant pas toujours le cas, au Moyen-Orient principalement. Comment expliquer cette déshérence de notre politique internationale ?

    C’est dans le domaine de la politique étrangère que les hommes d’État se distinguent le mieux des politiciens. Une décision dans ce domaine exige une capacité d’analyse physiognomique des situations qui n’a rien à voir avec les petites manœuvres électorales et les bons mots. En arrimant son pédalo aux destroyers de l’US Navy, François Hollande ridiculise et humilie son pays en même temps qu’il démontre qu’il n’est pas un homme d’État. L’acte le plus infâme de la présidence Sarkoy, avec l’agression contre la Libye, qui a déstabilisé toute la région du Sahel, a été la honteuse réintégration de la France dans l’OTAN. L’acte le plus infâme de la présidence Hollande a été, jusqu’à présent, sa grotesque posture antisyrienne. La France, depuis le général de Gaulle, avait su donner l’exemple d’un pays soucieux de son indépendance. Elle se retrouve aujourd’hui le seul allié d’une Amérique affaiblie, qui n’a plus de stratégie et ne se détermine plus que sous l’influence des lobbies. Sarkozy-Hollande : un commun atlantisme, fondé sur une solidarité de classe. C’est lamentable.

    En apportant son appui aux salafistes wahhabites pour complaire à Obama, Hollande joue en outre avec le feu. Damas, comme en 1914 Sarajevo, peut parfaitement être le point de départ d’une guerre mondiale. La prétention des Américains à une frappe « limitée » fait de ce point de vue bon marché des capacités de riposte du pays attaqué, comme des possibilités d’escalade et d’extension du conflit. On sait quand commencent les guerres, plus rarement où elles finissent. Comme le dit un proverbe : « Ne pointe jamais une arme sur quelqu’un, sauf si c’est pour le tuer. » Nous sommes aujourd’hui à la veille d’un embrasement généralisé. Les médias, eux, préfèrent parler de la rentrée scolaire, de la prochaine Coupe du monde et des faits divers marseillais. Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre.

    Alain de Benoist , propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 13 septembre 2013)

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  • Merci pour les banquiers !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Luc Gréau, cueilli sur le site du Manifeste pour un débat sur le libre échange et consacré à la pseudo-loi du gouvernement socialiste sur la régulation des activités bancaires. « Mon adversaire, c'est le monde de la finance» disait François Hollande dans une envolée lyrique au cours de la campagne présidentielle... Pour l'instant, l'adversaire n'a pas trop de souci à se faire !....

     

     

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    Merci pour les banquiers !

    La  loi française sur la séparation des activités bancaires et le projet d’union bancaire européenne  ne réduiront pas la spéculation aveugle et le pouvoir exorbitant de la finance. 

    L’AN de grâce 2013 devait être celui de la réforme des banques. Grâce à la loi bancaire française, d’une part, à l’Union bancaire européenne, d’autre part, on allait mettre au pas ceux qui nous avaient plongés dans la mouise. Seulement, la loi française ayant reçu le nihil obstatdes banques françaises et le projet européen étant désormais soutenu sans réserve par l’ensemble des banques de la zone euro, il faut croire qu’ils ne sont guère contraignants et que les pécheurs ont obtenu la rémission de leurs fautes au confessionnal. En clair, les affaires vont continuer. As usual. 

    La loi française vise à séparer le risque représenté par le prêteur, endossé par la banque commerciale classique, et celui créé par le trader, assumé par les salles de marchés qui font aujourd’hui partie des activités des mêmes grandes banques. À l’origine, le projet européen poursuivait le même objectif ; mais il tend, de surcroît, à mutualiser le système bancaire de la zone euro et à le soumettre à une supervision de la Banque centrale de Francfort[1]. Il s’agit, d’une part, d’empêcher que les risques nés de la spéculation sur les marchés financiers contaminent l’ensemble du système et, d’autre part, de renforcer la confiance dans les institutions financières en les soumettant à la surveillance du gendarme de Francfort. 

    Ces louables ambitions pourraient laisser croire que la sagesse est enfin de retour dans la nef des fous. En réalité, ce ne sont que des faux-semblants. La loi française ne changera rien à la politique qui a permis aux banques de spéculer, pour leur propre compte, sur les monnaies, les matières premières, les actions, les titres d’emprunt et sur les produits financiers qui en sont dérivés. Et l’Union bancaire, si elle voit le jour, conduira à assurer les banques contre la faillite par une garantie explicite des contribuables, invraisemblable fuite en avant quand on sait que les États sont exsangues et leurs contribuables doublement asphyxiés par les charges et par la récession. 

    Nicolas Sarkozy, François Hollande, même combat : dénonciation des « activités spéculatives », pour l’un, de la « finance sans visage » pour l’autre. Le discours du Bourget, en 2012, faisait donc écho à celui de Toulon jeté en pâture, en 2008, à une opinion médusée par le séisme financier. L’enjeu, dans les deux cas, était de savoir si, oui ou non, on allait laisser les banques continuer à se livrer à des opérations de « trading pour compte propre » (plus risquées et souvent plus rémunératrices que les opérations d’achats et de ventes de titres ou devises effectuées pour leurs clients). Nicolas Sarkozy a oublié qu’il l’avait posée, François Hollande fait mine d’y répondre par la présente loi bancaire. Mais pour que cela soit efficace, il faudrait soit que les banques commerciales cessent toute activité de trading pour compte propre, soit qu’elles les externalisent dans des sociétés avec lesquelles elles n’auraient ni lien capitalistique, ni relation de crédit – en bon français, il faudrait qu’elles vendent cette partie de leurs activités[2].

    En réalité, il n’y a pas de demi-mesure possible. Ou bien on maintient le mélange des genres actuel, ou on instaure une séparation étanche. 

    François Hollande et Pierre Moscovici ont opté pour une pseudo-réforme qui s’apparente plutôt à un maquillage juridique du statu quo qui prévalait jusqu’ici. Aux termes de la loi, les banques devront concentrer leurs activités de trading les plus risquées dans des entités autonomes, mais qui seront leurs filiales à 100%, ce qui signifie que le trading pour compte propre demeure dans le périmètre de la banque. Le seul changement formel, c’est que les pertes éventuelles affecteront les comptes de filiales ; mais si ces pertes atteignent un montant substantiel, la maison-mère est nécessairement engagée. 

    À l’évidence, le Président n’a pas eu le cran de s’engager dans un conflit frontal avec les banquiers français. En clair, Pierre Moscovici protège les banques aussi bien que l’a fait Christine Lagarde.

    On ne saurait cependant se contenter de ce constat banal à pleurer. Pourquoi les banques refusent-elles de se replier sur leurs activités traditionnelles ? Est-ce par orgueil, pour protéger l’image de « maîtres du monde » que leur conféraient les traders cocaïnés et les salles de marchés bourdonnantes popularisés par les médias à partir des années 1980 ? À vrai dire, ces apprentis-alchimistes n’ont plus vraiment bonne presse. C’est donc plus trivialement une question de gros sous. Le trading pour compte propre a fini par représenter une part substantielle – le tiers, la moitié, voire plus – des profits déclarés et versés aux actionnaires. 

    L’affaire de la loi bancaire s’achevant en « pipi de chat », restait à savoir si le chantage des banquiers allait aussi venir à bout du projet d’Union bancaire européenne, en préparation à Bruxelles sous l’autorité de notre compatriote Michel Barnier. Sur la base d’un rapport établi en 2012 par Erki Liikanen, président de la Banque de Finlande, le principe d’une séparation entre spéculation et crédit semblait acquis. Or, le 29 janvier, Bruxelles capitule en rase campagne[3]. Les banques concernées ont menacé, en cas d’adoption du texte, de fermer les robinets du crédit à la production et à la consommation. Et la récession européenne a encore affaibli les autorités publiques face à leurs maîtres banquiers. Une nouvelle contraction du crédit mettrait fin aux derniers espoirs de reprise économique. 

    Pour que la surveillance de Francfort, deuxième volet du projet d’union bancaire,  ait une chance d’être efficace, il faut commencer par comprendre comment les autorités européennes « compétentes » se sont laissées déborder par les événements entre 2007 et 2009. Tout d’abord, les conditions d’emprunt favorables proposées aux différents emprunteurs de la zone laissaient préjuger, à tort, de leur prospérité future et de leur solvabilité. Ensuite, dans plusieurs pays, l’essor économique permis par l’emballement du crédit a donné une certaine crédibilité à ces anticipations optimistes, avant le retour à la dure réalité. Enfin, on dirait que Bruxelles et Francfort sont dirigées par des borgnes dont l’œil valide ne regarde que les dettes publiques, comme si l’équilibre budgétaire était le seul critère de la solidité d’une économie, la question des dettes privées ayant été soigneusement éludée. 

    Le projet d’Union bancaire aurait dû, au minimum, être assorti d’une analyse de l’échec du dispositif antérieur. Mais l’Europe a ceci de commun avec l’ancienne Union soviétique que l’heure du bilan n’y sonne jamais, sauf pour dire qu’il est globalement positif. On va donc s’efforcer d’inventer un nouveau dispositif incarnant le « plus d’Europe » ou le « mieux d’Europe » qui figurent dans le bréviaire des zélotes, au mépris de la pureté de la langue.

    À vrai dire, nous ignorons quelles modalités permettront au banquier de Francfort de superviser quelque 6 000 banques en Europe. Mais nous savons l’essentiel, qui empêche de prendre au sérieux un tel projet. En Occident, les banques centrales, qu’elles soient à Washington, à Londres, à Francfort, sont au service des banques. La crise de 2008, venue d’Amérique, et celle de 2010, apparue à la périphérie de la zone euro, ont montré deux choses. Premièrement, les banques sont contraintes de dissimuler leurs difficultés pour ne pas faire fuir leurs déposants et leurs prêteurs habituels : ce que l’économiste Gaël Giraud appelle un« mensonge structurel »[4]. Deuxièmement, les banques centrales ne peuvent pas ne pas tenter de prolonger l’existence des banques en difficulté et en faillite, avec le concours éventuel des États.

    Et c’est pourquoi, au-delà de cette supervision proclamée depuis les « hauteurs béantes de l’Europe »[5], l’Union bancaire tente de mettre en place un dispositif de garantie générale des dépôts bancaires par les contribuables européens, qui reviendrait à instaurer la garantie des faillis par ceux qui sont parvenus à conserver leur solvabilité. L’Union bancaire réaliserait ainsi, à l’échelon des banques, ce que le Mécanisme européen de stabilité organise au profit des États. En d’autres termes, l’Union bancaire poursuivrait la fuite en avant commencée avec les plans de sauvetage des États 

    Dans ces conditions, on peut toujours dénoncer les graves défaillances de la régulation publique dès que les intérêts du monde bancaire sont en jeu. Encore faut-il ouvrir enfin les  dossiers noirs de la réforme bancaire, apparus à la faveur de la crise. J’en recenserai trois.

    Le « double loop ». La formule, désormais courante dans les médias économiques anglais et américains, désigne la double dépendance qui lie des États européens en faillite ou exposés à la faillite à des banques que la BCE a sauvées de la cessation de paiement[6]. C’est l’un des traits qui distinguent la situation en Europe de celle qui a cours en Amérique. En effet, les banques européennes étant très fortement engagées sur les dettes publiques de la zone, un défaut de paiement partiel des États leur serait fatal. À cela s’ajoute le fait que les emprunts nouveaux émis par les États sont désormais souscrits principalement par les banques du pays concerné : les portugaises pour les emprunts de Lisbonne, les espagnoles pour ceux de Madrid, les italiennes pour ceux de Rome.

    L’économiste Gaël Giraud décrit la situation en résultant : « Un double élastique relie désormais le nageur (l’État ou la banque, selon le cas) et son sauveteur (idem) : si le premier coule, le second sera entraîné avec lui. Si le second coule, le premier sera lui aussi entraîné par le fond »[7]. Au passage, il souligne que cette situation n’est pas sans lien avec la question du trading pour compte propre. Non seulement les États dépendent de la bonne volonté des banques qui souscrivent leurs nouveaux emprunts, mais ils sont soumis à leur pouvoir de détruire les finances publiques en jouant sur les CDS − credit default swaps : la salle de marché de la BNP peut décider en quelques jours de l’insolvabilité du Trésor français en faisant monter le prix des CDS qui assurent notre dette publique.

    On le voit, le rapport de force est plus que défavorable à la puissance publique, empêchée d’exercer son pouvoir normatif par sa dépendance vis-à-vis des banques. C’est d’autant plus consternant que les banques continuent de souscrire les dettes publiques non pas avec de l’épargne constituée mais avec de l’argent créé à leur bénéfice au guichet de la Banque centrale. Le vaudeville européen se joue à trois : États, banques, Banque centrale. L’argent emprunté à 0,75% au guichet de Francfort est replacé ensuite à 2,4% ou 5% dans les nouveaux emprunts des États. La complicité de la Banque centrale permet donc aux banques de se constituer une rente qui les enrichira – à condition bien sûr que les États échappent à la faillite. 

    La vérité des comptes bancaires. Depuis la fin 2008, les banques ont obtenu le privilège d’échapper aux règles comptables élaborées par l’organisme londonien, l’IASB. De sorte que personne, en dehors de quelques initiés, ne peut fournir un diagnostic plausible sur la santé financière des organismes concernés.

    Plus grave encore que l’obscurité qui entoure les comptes bancaires, il y a leur falsification avérée. Comment se fait-il, en effet, que les banques espagnoles, affectées d’un taux de défaut et de retards de paiement de plus de 11%, puissent encore afficher des comptes en équilibre ? La chose est d’une simplicité confondante. Quand elles font procéder à la saisie des logements des ménages insolvables, elles comptabilisent à leur actif la valeur, plus ou moins réaliste, des biens saisis. Mais elles conservent aussi le montant de la créance qui n’est pas réglée, comme si le débiteur allait finalement s’acquitter de sa dette. Et ni la Banque d’Espagne, ni les autorités européennes n’ont agi pour faire cesser ce scandale. 

    L’avenir du collatéral. La grande aventure du crédit en Occident, depuis trente ans, est fondée sur le recours massif aux garanties collatérales, telles que les hypothèques, et la faculté donnée aux prêteurs de revendre les prêts assortis de ces garanties. La crise était l’occasion de se demander s’il fallait maintenir un régime qui facilite l’accumulation des dettes et la montée des risques de faillite. Le débat n’a pas été ouvert et l’on peut douter qu’il le soit à moins d’une récidive du séisme de 2008.

    Conclusion : soyons de droite, soyons de gauche, mais ne soyons pas niais. Les banques vont rester maîtresses du jeu. Notre sort, déjà bien compromis par la récession qui s’étend en Europe, est de surcroît entre les mains de banquiers désinvoltes, imprudents et parfois sans scrupules. Fortiter, disaient les latins. Armons-nous de courage pour affronter les turbulences nouvelles qui s’esquissent à l’horizon.

    Jean-Luc Gréau (Manifeste pour un débat sur le libre échange, 16 février 2013)

     

    Notes : 

    1. Bruxelles et Francfort voudraient étendre la supervision à l’ensemble des banques de l’Union, ce qui ne manque pas d’irriter la Pologne, la Suède ou le Royaume-Uni qui ne sont pas membres de la zone euro et n’ont donc aucune influence sur la politique de la BCE.

    2. Opération de vente qui s’appelle « spin off » dans le jargon économique et financier.

    3.  « Bruxelles retreat on key bank reform » Financial Times, 30 janvier 2013.

    4.  Illusion financière, Gaël Giraud, chapitre 6 « Le dilemme des banques centrales », Éditions de l’Atelier, 2012.

    5. Les Hauteurs béantes de l’Europe, Roland Hureaux, Bartillat, 1999.

    6 . Par deux opérations massives de refinancement de 1000 milliard d’euros fin décembre 2011 et fin février 2012, pour des échéances allant exceptionnellement jusqu’à trois ans.

    7. Illusion financière, op.cit. page 40.

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  • Les années Sarkozy...

    Les éditions L'Æncre viennent de publier Les Années Sarkozy, un essai sans concession d'Yves-Marie Laulan. Economiste, spécialiste des questions de démographie et d'immigration, Yves-Marie Laulan a fondé avec Jacques Dupâquier l'Institut de géopolitique des populations et est aussi l'auteur d'un essai marquant intitulé Les nations suicidaires (François-Xavier de Guibert, 1998).

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    "C’est un imposteur et même un charlatan. Il a fait croire aux Français qu’il allait redresser notre pays alors qu’il l’enfonçait encore davantage. C’est un esprit léger, inconstant et superficiel qui n’a vécu que par et pour l’image, les « coups » médiatiques et les sondages (au demeurant souvent plus ou moins trafiqués, nous dit-on). Il a été un magicien de l’illusion médiatique, vivant dans l’instant, sans vision d’ensemble ni projet de long terme. Aime-t-il vraiment la France et sait-il seulement ce que représente la France ? Etait-il vraiment fait pour être président de la République ? On peut sérieusement en douter aujourd’hui. Il incarne malheureusement à la perfection tous les travers de l’homme politique de notre temps."

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  • Election de François Hollande : le point de vue d'Alain de Benoist...

    Alain de Benoist, directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole, analyse pour la radio francophone iranienne la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle et, notamment, ses implications en matière de politique étrangère...

     

     

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